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A vingt-huit ans à peine, Adrienne vient d’ouvrir son propre atelier de tapisserie, rue Nationale, à La Châtre, après avoir créé sa clientèle en reprenant une affaire il y a deux ans. Lorsque nous arrivons, elle est d’ailleurs en train de fignoler un travail de restauration qui lui a été commandé par une cliente parisienne, qui possède une maison secondaire dans le Berry. “Mes clients viennent de Tours, de Lignières, de Paris… et de Marseille”, se réjouit la jeune indépendante. Pourtant, son parcours n’est pas celui que beaucoup lui prédestinaient. “J’ai dû me battre, et je me bats toujours, pour m’installer à mon compte”, explique-t-elle, devant un tableau de commandes qui ne désemplit pas depuis le lancement de son activité.
La tapisserie, la couture, c’est une passion d’enfance. Une enfance atypique : Adrienne est diagnostiquée tôt de dyslexie, dyscalculie, et d’autres particularités cognitives qui l’éloignent rapidement des cursus scolaires classiques. Au collège déjà, elle choisit de découvrir les métiers de l’artisanat aux Charmilles lors d’une journée Portes Ouvertes. C’est le déclic : sa carrière sera manuelle, ou ne sera pas. “J’adapte tout en permanence, les méthodes, les outils, j’apprends et je développe les gestes. Et j’avance, quoiqu’il arrive, sans m’attarder trop sur ce que disent ou pensent les autres”, confirme la créatrice d’un air déterminé.
Et la ténacité paye : Adrienne signe son parcours en décrochant le titre de Meilleure Apprentie de France. Forte de cette reconnaissance, elle entame sa carrière en travaillant pour des confectionneurs d’uniformes de haute qualité, et la finesse de son travail est remarquée. C’est comme cela qu’elle trouve la force de se lancer dans sa propre aventure. “Ca n’a pas été de tout repos, mais j’ai réussi à développer une connaissance technique poussée des tissus, des styles, de la confection… Je suis capable de travailler sur commande pour une large partie de l’ameublement, de l’habillement et de la décoration intérieure”, confirme Adrienne. Sa dernière pièce préférée ? Une robe de mariée qu’elle a créée sur-mesure.
Bien sûr, le quotidien d’Adrienne est bien rempli, car aux travaux d’installation, aux restaurations et créations en cours, il faut ajouter la gestion de l’entreprise, des demandes des clients, et la vie, souvent imprévue. Mais Adrienne a ses atouts pour cela aussi : elle compte sur une communauté d’artisans qui apprécient de travailler ensemble, et qui ont à coeur de faire bouger les lignes. Et au final, c’est bien plus que sa différence qu’elle défend. C’est aussi le droit, pour toutes les facettes que peut revêtir le talent, de laisser s’exprimer ce “grain de folie” qu’on retrouve souvent sous toute forme de “génie”.
Découvrez le travail d’Adrienne Maurice dans son atelier Au fil d’Or, 76 rue Nationale, La Châtre, et sur Facebook.
Adrienne Maurice est membre du Club Affaires La Châtre de la BGE Indre.
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