Quelque part entre l’expérimentation et la technique, les propriétés physiques des matériaux et la modularité du son, Lisa Wolf a trouvé sa voie, et elle la présente dans le cadre de “Secrets de Fabrique“, au sein de son atelier “Le Loup des bois”. Une clarinette à réviser avant ses examens, une note qui ne sonne plus très bien, ou un tampon à remplacer sur un saxophone, c’est elle qui raccorde et répare la magie du son. Alors on écoute parler les résonances et les vibrations telles que la professionnelle les côtoie pour mieux comprendre l’art de les ajuster. Rencontre avec Lisa Wolf-Barbances dans son atelier de réparation et restauration d’instruments à vent de Neuvy Saint Sépulchre.
La touche de l’artiste
C’est peut-être la profusion de pièces et de matériel dont elle fait l’écueil en présentant les instruments qu’elle répare, ou la richesse des expériences, théoriques, pratiques et culturelles qui jalonnent son parcours. Ou encore le champ lexical scientifique qui ponctue son discours, voire la symbiose étonnante de tout cela. “Au Loup des bois”, l’art et la technique se confondent pour ne former plus qu’un métier. En l’occurence, le métier que Lisa Wolf a choisi, pour la musique, l’atelier, mais aussi pour maintenir cette activité, aux vues de quelques départs annoncés dans la région. Afin d’illustrer son travail, la jeune femme dévoile une clarinette en bois de prunier, fabriquée à la fin de son apprentissage en Allemagne. Et là, plus de doute possible. Il y a certes l’expérience, les connaissances derrière la résolution et le choix. Mais il y a surtout l’oreille fine et la précision du geste, la touche de l’artiste qui se devine à la vue comme à l’écoute du résultat.
La précision du son
Lisa peut bien sûr s’appuyer sur les savoirs empiriques. La longueur d’onde, la forme en tube ou en cône, l’ouverture, et les facteurs de correction comme le pavillon, c’est ce qu’il faut maîtriser pour dompter le son. Impromptues, aléatoires, les interventions mécaniques de Lisa se basent cependant sur une véritable enquête technique. Ce sont souvent les urgences et les révisions qui amènent amateurs et professionnels de la région à consulter l’experte, y compris pour des instruments qu’elle ne répare pas usuellement. Elle regarde quand-même, et si elle peut aider, elle le fait. Puis vient un travail manuel de précision, pour faire correspondre les clés, les lièges et les feutres, tout en jonglant entre les tailles, les matériaux et les marques des instruments. Il en va de même pour une révision, un nettoyage. Il faut s’adapter en fonction des bois, des fixations, des styles et des contraintes de temps.
De nouveaux défis
Et puisqu’elle apprend et s’adapte si bien, Lisa s’est donné pour défi de pratiquer puis de fabriquer “le seul instrument que son père ne jouait pas”: la cornemuse. Elle nous explique le haut-bois pour la mélodie et le bourdin pour la note continue. C’est le côté science. Et pour l’art, Lisa nous raconte comment après avoir appris à fabriquer la poche en cuir chez un bourrelier, elle a défini un modèle fonctionnel qu’elle pouvait décliner en bois de pruniers, en buis ou en érable. Un mariage de la technique et de la pratique que l’artiste nourrit également grâce à la musique. Interventions pour des jeunes publics ou engagement au sein de l’association du Son Continu, la cornemuse de Lisa fait danser bien plus loin qu’à son atelier. D’ailleurs, le 21 octobre sera organisée une répétition de son orchestre de cornemuse dans la salle des fêtes de Neuvy Saint Sépulchre, avant un bal. La musicienne a même enregistré son CD, “Je suis née en Allemagne” en vente à l’atelier. Parce qu’à en croire Lisa, comprendre et réparer la mécanique de la musique, ce n’est qu’une partie de l’équation. Pour voir vivre cette mécanique au plus près, il est de bonne augure d’aimer la partager.
Vous pouvez retrouver Lisa Wolf dans l’atelier “Le Loup des Bois“, 4 rue de la Fontchevrière à Neuvy Saint Sépulchre ou sur sa page Facebook. D’autres services de commerçants vous attendent sur le tout nouveau site de Tout de Pays de La Châtre.